Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/493

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
486
Les aventures

plus grande provision de poudre, & quelques grains pour les jardins potagers, dont j’aurois été ravi d’être fourni moi-même quand j’étois dans leur cas. Je leur fis encore présent d’un sac plein de pois, que le capitaine m’avoit donné, & je les informai jusqu’à quel point ils se multiplieroient, s’ils avoient soin de les semer.

Le jour après, je les laissai là ; je m’embarquai : mais nous ne pûmes pas faire voile ce jour-là, ni la nuit suivante. Il étoit environ cinq heures du matin, quand nous vîmes deux de ceux que j’avois laissés venant à la nâge : & priant au nom de Dieu qu’on les laissât encore dans le vaisseau, quand ils devroient être pendus un quartd’heure après, puisque certainement les trois autres scélérats les massacreroient, s’ils restoient parmi eux.

Le capitaine fit quelque difficulté de les recevoir, sous prétexte qu’il n’en avoit pas le pouvoir sans moi ; mais il se laissa gagner à la fin par les promesses qu’ils lui firent de se bien conduire ; & effectivement, après avoir été fouettés d’importance, ils devinrent de fort braves garçons.

Quelque tems après, la chaloupe fut envoyée à terre, avec les provisions que le capitaine avoit promises aux Exilés, auxquelles il avoit fait ajouter, en ma faveur, leurs coffres & leurs habits, qu’ils reçurent avec beaucoup de gratitude