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de Robinson Crusoé.

cevoir, en l’assurant qu’après la providence divine, c’étoit lui que je considérois comme la source de toute ma richesse, & que j’étois charmé de pouvoir le récompenser au centuple de toutes les bontés qu’il avoit eues pour moi. Je commençai d’abord par lui rendre les cent moidores qu’il m’avoit données, &ayant fait venir un notaire, je lui donnai une décharge dans les formes des quatre cent soixante-dix qu’il avoit reconnu me devoir ; ensuite, je lui donna une procuration pour être le receveur des revenus annuels de ma plantation, avec ordre à mon associé de les lui envoyer par les flottes ordinaires. Je m’engageai encore à lui faire présenter de cent moidores par an pendant toute sa vie, & cinquante par an après sa mort pour son fils ; & c’est ainsi que je trouvai juste de témoigner à ce bon vieillard la reconnoissance que j’avois de tous les services qu’il m’avoit rendus.

Il ne me restoit plus qu’à délibérer sur ce que je ferois du bien dont la providence m’avoit rendu possesseur, ce qui certainement me donnoit plus d’embarras que je n’en avois jamais eu dans la vie solitaire que j’avois menée autrefois dans mon île, où je n’avois besoin que de ce que j’avois ; au lieu que dans ma nouvelle situation mon bonheur même m’étoit à charge, par l’inquiétude que me donnoit l’envie de mettre mes richesses en