Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
70
Les aventures

descendîmes à terre, ne portant avec nous que nos armes, & deux jarres pour puiser de l’eau.

Je n’osois m’écarter du bateau jusqu’à le perdre de vue, de crainte que les Sauvages ne descendissent le long de la rivière avec leurs canots : mais le petit garçon ayant découvert un lieu enfoncé à près d’un mille avant dans les terres, il s’y en alla en trottant : quelque tems après je le vis revenir courant de toutes ses forces. La pensée me vint qu’il étoit poursuivi par quelque Sauvage, ou épouvanté par quelque bête féroce ; j’accourus à son secours ; mais quand je fus assez proche, je vis quelque chose qui lui pendoit à l’épaule ; c’étoit une bête qu’il avoit tirée, & qui ressembloit à un liévre, avec cette différence, qu’elle étoit d’une autre couleur, & qu’elle avoit les jambes plus longues. Enfin la viande en étoit fort bonne ; & cet exploit nous causa beaucoup de joie ; mais celle qui transportoit le pauvre Xuri, venoit de ce qu’il avoit trouvé de l’eau, sans avoir vu de Sauvages ; & c’étoit pour m’annoncer cette bonne nouvelle, qu’il s’étoit si empressé.

Nous vîmes ensuite qu’il n’étoit point nécessaire de nous donner tant de peine pour avoir de l’eau ; car nous trouvâmes que la marée ne montoit que fort peu dans la rivière, & que lors-