un présent de vingt-cinq livres au capitaine portugais, à cause de l’humanité & de la charité qu’il avoit exercées à mon égard.
La marchand de Londres ayant converti ces cent livres sterling en marchandises d’Angleterre, les envoya à Lisbonne, telles qu’elles lui avoient été demandées par le capitaine, & celui-ci me les apporta heureusement au Brésil. Il y avoit, entr’autres toutes sortes d’ouvrages de fer & d’ustensiles nécessaires pour ma plantation : lesquelles choses me furent d’un grand service, & il les avoit comprises parmi les autres, de son chef, sans que je lui en eusse donné commission ; car j’étois trop peu expérimenté dans le métier pour y avoir pensé.
Je fus transporté de joie lorsque cette cargaison arriva, & je crus ma fortune faite. Le capitaine, qui vouloit bien être mon pourvoyeur, & qui en remplissoit si dignement les fonctions, avoit employé les vingt-cinq livres sterling, dont ma bonne amie lui avoit fait un présent, à me louer un serviteur pour le terme de six ans, qu’il m’amena ; & jamais il ne voulut rien accepter de moi en considération de tant de services, qu’un peu de tabac qui étoit de mon propre crû.
Autre chose à remarquer ; c’est que toutes mes marchandises étant des manufactures d’Angleterre, telles que des draps, des étoffes, des bayers,