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de Milord Céton.

ter ; le soin de nos plaisirs est le seul qui nous flatte & qui nous occupe. Vous êtes, en vérité, trop aimable & trop spirituelle, pour ne vous pas conformer à nos usages. Bon jour, belle dame, je suis désespéré d’être obligé de vous quitter : il faut absolument me rendre au petit lever de la reine ; si j’y apprends quelques nouvelles, j’aurai soin de vous en faire part. Damon sortit sans attendre la réponse de Monime.

Je ne puis concevoir, dit Monime, les raisons d’une conduite si extravagante. Dites-moi donc, mon cher Zachiel, pourquoi leurs loix & leurs usages sont si différens des nôtres ? Ce n’est point dans l’empire de la lune qu’on doit parler de science ni de politique, dit le génie : tout ce que je puis vous dire, c’est qu’ici aucun des hommes ne veut suivre les talens qu’il a reçus de la nature & de l’éducation : tout le monde sort de sa sphère ; on quitte son état, pour être employé à des choses dans lesquelles on n’a nulle sorte de connoissances. La folie des lunaires est de vouloir passer pour être universels ils ne veulent point borner leurs sciences ; c’est ce qui leur fait faire tous les jours de nouvelles sottises : mais leurs passions sont un labyrinthe où plus ils marchent & moins ils se retrouvent. Les grands sont quelquefois contraints de s’y livrer par état. Toujours agités,