Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/115

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peuples leur fait ordinairement renouveller leur société tous les trois mois : leurs amis de l’été ne sont plus ceux de l’automne ; ils ont perdu jusqu’à l’idée de leurs anciennes connoissances. Ils se rencontrent sans se reconnoître : ils ont beaucoup d’ardeur à se voir. Dans les premiers jours, ils se promènent, vont aux spectacles, aux assemblées, aux bals, à la campagne ; l’habitude de se voir devient ennuyeuse. Comme il n’y a dans leurs cœurs ni estime ni amitié, ils se quittent sans regret : la familiarité détruit bientôt ce germe d’affection que la nouveauté y avoit fait naître. Il n’y a pas assez de ressource dans leur esprit pour y soutenir de longs commerces : leurs humeurs inconstantes les dégoûtent bientôt des mêmes objets. Le charme de la conversation demande de l’esprit & du bon sens : car pour raconter agréablement & écouter ce qui se dit avec complaisance, il faut de la douceur dans le caractère ; on doit fuir les obscénités, les railleries piquantes, & fournir aux autres l’occasion de briller à leur tour. Ces qualités ne sont point du ressort de ces peuples, parce qu’il faut du jugement & qu’ils n’ont que de la folie, à laquelle, pour augmenter leurs ridicules, ils joignent encore la pernicieuse démangeaison de vouloir passer pour bel esprit : termes précieux, excès de liberté,