PRÉFACE
DE L’ÉDITEUR.
J’étois un jour à rêver profondément
dans mon cabinet, fort inquiette du
succès que pourroient avoir certains
ouvrages que je venois de donner à
l’impression. Ah ! chienne de tête, me
disois-je, en me la frappant de la main,
de quoi t’es-tu avisée de t’annoncer pour
auteur ? As-tu assez d’esprit & de talent
pour en soutenir le titre ? Tu vivois
tranquille ; tu n’avois presque aucune
inquiétude ; falloit-il que la gloire vînt
troubler ton repos, & que, pour en
acquérir, tu choisisses précisément le
chemin le plus épineux ? Comment es-tu
entrée dans ce labyrinthe, sans guide
& sans soutien ? Ne valoit-il pas mieux
te borner à filer ta quenouille ? On te
faisoit tous les jours mille complimens ;
tu ressemblois, disoit-on, à une des
parques : l’un t’assuroit qu’il eût voulu
que le fil de sa vie eût été dans tes
mains ; un autre te contoit fleurette,