CHAPITRE IV.
Portrait d’un Grand-Prêtre de la Fortune.
Comme notre objet étoit de visiter les principales
villes de la Cillénie, nous prîmes la
route d’une autre province. Sur la fin du jour
nous apperçûmes un château qui, par sa beauté
& la vaste étendue de son parc, donna à Monime
envie de le visiter. Elle demanda à
Zachiel le nom du prince à qui il appartenoit,
& si nous pouvions, sans manquer à la bienséance,
y demander un asyle jusqu’au lendemain,
parce que nous étions encore fort
éloignés de la ville. Monime craignant horriblement
la rencontre des voleurs & des brigands,
dont les chemins sont remplis dans
toute la Cillénie ; le génie ne trouvant point
de difficulté à satisfaire Monime, nous envoyâmes
un de nos domestiques en demander la
permission au maître, qui nous fit dire, qu’il
se tiendroit honoré de nous recevoir.
Nous entrâmes dans une longue & belle avenue, dont les arbres formoient de triples allées. Le génie, afin de nous donner une idée de ce château, nous dit qu’il avoit autrefois appartenu à un très-grand seigneur, dont