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de Milord Ceton.

du moins de l’espérance de le croire pour long-tems à cent lieues & davantage. Si on leur retranchoit ce tems de liberté, que sans doute elles mettent à profit, un guerrier, ou tout autre, leur deviendroit alors indifférent ; au surplus, ajouta Monime en badinant, le plus fort Hercule ne put jamais tenir devant une Omphale ; un de nos regards suffit pour changer leur massue en quenouille : laissons-les donc se parer quelquefois du nom de heros, nous les rendons assez souvent efféminés : enfin, mon cher Zachiel, si vous voulez absolument me forcer de faire un long séjour dans cette planète, je veux me travestir ; je vous déclare que je prends l’uniforme, l’épée, le plumet, le hausse-col, l’esponton ; j’achete un régiment, & d’un plein vol me voilà colonel. Peut-être me direz-vous que sous cet ajustement, qui me rajeunira encore davantage, je ne paroîtrai plus qu’un enfant : belle raison ; je suis sûre que j’en verrai plus d’un dans ce monde, qui, parvenus à des grades supérieurs, font sans doute les importans, & se croyent plus habiles que les plus expérimentés, quoique moins experts & plus enfans que moi.

Monime insista encore long-tems pour tâcher de faire prendre une autre résolution au génie ; mais elle eut beau faire, ses représen-