vous ayez seulement la bonté de me faire un petit présent de cent guinées.
Ma curiosité excitée par ce singulier compliment, j’en pris un pour l’examiner ; mais je ne le trouvai rempli que d’enthousiasme, de vers bouffis ; de grands mots formoient un recueil complet de toutes les rimes les plus anciennement accouplées : batailles & murailles, soleil & sans pareil, gloire & victoire, sublime & magnanime, hasard & César, la foudre & en poudre ; combats, éclats ; avantages, carnages ; étincelantes, épouvantes ; & que sais-je encore ! enfin tous ces mots cadencés comme un air de flûte, & qu’il seroit trop long de traduire ici, me parurent signifier très-peu de chose ; cependant le poëte n’offroit pas moins de mettre Monime au rang de la déesse Pallas, & de me faire occuper la place du dieu Mars lui-même.
D’un autre côté Monime fut encore assaillie de gens qui lui présentèrent de nouvelles brochures. Madame, disoit l’un, voici du nouveau : si votre grandeur veut me le permettre, j’aurai l’honneur de lui dédier ce petit ouvrage : il est écrit en rose ; c’est la couleur à la mode. Prenez-le mien, disoit un autre ; il est en gris de lin, les délices d’une ame tendre. Madame, dit celui-ci, donnez la préférence à ce recueil ;