CHAPITRE III.
Vous ne devez pas vous enorgueillir, dit Zachiel, de la gloire non méritée que vous recevez aujourd’hui en entrant dans ce temple ; couverts de mes aîles, je vous rends invisibles aux yeux de tous ces héros & à ceux de Mars lui-même ; je ne prétends qu’exciter en vous cette ardeur martiale & ce noble courage qui anime & qui forme les grands capitaines, afin de vous rendre digne d’occuper un jour une place à côté de ces demi-dieux.
Mars assis au milieu de ce temple sur un trône élevé, soutenu sur les aîles du génie de la guerre, paroissoit regarder un héros placé à côté de lui à sa droite, & lui montrer avec complaisance plusieurs passages d’un grand livre que le destin tenoit vis-à-vis de lui. Je n’osai faire des questions au génie, dans la crainte d’être découvert ; mais il prévint mes desirs & me fit un plaisir indicible en m’apprenant que celui qui excitoit ma curiosité, par la préférence qu’il avoit obtenue sur les autres, étoit Henri IV, ce bon roi des françois, à qui Mars faisoit lire, dans le livre du destin, la gloire de sa race & les actions éclatantes qui devoient s’accomplir par tous ses descendans.