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de Milord Céton.

de le rétablir ; je suis touchée de la perte de ces jolis tableaux dont il étoit orné ; ne pourroit-on point les faire servir à un autre, en les retouchant avec un nouveau vernis ? Fi donc, dit Damon, c’est une horreur, il avoit fait son tems ; vous ne croiriez peut être pas qu’il me sert depuis près d’un mois ; je n’osois même plus le faire paroître à la ville, je l’avois destiné pour mes petits voyages de campagne. Ah ! si vous voyez celui du baron de Farfadé ! il est radieux ; il parut avant-hier sur nos remparts, & fit le ravissement de toutes les personnes de goût : j’en ai commandé un qui sera délicieux.

Arrivés au château de Damon, il nous engagea avec des graces singulières de vouloir bien y passer quelques jours, en attendant qu’on nous eût préparé à la ville un appartement dans son hôtel. Vous êtes étrangers, ajouta Damon ; il seroit ridicule qu’après les obligations que je vous ai, je souffrisse que vous logiez ailleurs que chez moi ; c’est le seul moyen que je puisse trouver pour me procurer l’avantage de vous témoigner ma reconnoissance. Nous ne pûmes nous refuser à des offres si obligeantes.

J’étois enchanté de l’air ouvert de ce jeune seigneur ; il est vrai que les lunaires se laissent aisément pénétrer ; ils épuisent les efforts de l’art dans leurs tables, dans leurs meubles,