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de Milord Céton.

Monime surprise que tant d’extravagances pussent entrer dans l’esprit d’un être pensant, qui devroit faire usage de la raison qu’il a reçue du ciel, ne put s’empêcher de la montrer à Damon par un discours sensé, mais qui ne fit nulle impression sur l’ame de ce jeune seigneur, dont la pétulence & la vivacité nous le fit regarder comme un Prothée qui prend différentes formes. La fécondité de son imagination sur ses nouveaux projets, le contraste de ses passions, l’inconséquence de sa conduite, la rapidité de ses mouvemens, nous firent croire que les influences de l’air devoient agir avec beaucoup plus de force sur lui que sur les autres.

Lorsque Damon fut rétabli des contusions que lui avoit occasionné sa chûte, nous partîmes ensemble pour nous rendre dans la ville capitale. Les chemins qui conduisent à cette ville sont charmans ; des collines, des plaines & des bois en rendent la vue fort agréable. Nous entrâmes dans une belle & grande route, garnie d’un double rang d’arbres qui forment de belles avenues : tous les environs de cette ville sont ornés de beaux châteaux, avec des jardins, qui semblent avoir été dessinés par les fées, ce qui forme un spectacle délicieux. Ces jardins n’offrent à la vue que de doubles terrasses en amphithéâtres : aux côtés sont de beaux arbres taillés