Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
57
de Milord Céton.

amour de la nouveauté, les console bientôt par des chansons ou des épigrammes. Ils ont encore la ressource de plusieurs gazettes, qui leur promettent toujours un triomphe prochain, dans les tems où ils sont en guerre ; c’est par-là qu’on voit briller la fécondité des beaux esprits de ce monde. Je ne vous dis rien de plus, afin de laisser à votre esprit & à votre pénétration le soin de développer entièrement le caractère des lunaires ; je vous recommande, sur-tout, à l’un & à l’autre, de vous observer dans vos discours ; car, pour ne se point attirer d’ennemis, on ne doit jamais s’écarter des sentimens reçus & autorisés par l’usage de tout un monde, quoiqu’ils soient même contraires à vos principes.

Damon vint nous rejoindre ; il étoit accompagné d’un jeune homme qu’il nous présenta, en nous l’annonçant sous le nom de baron de Farfadet. Je ne puis exprimer à quel degré ce baron poussoit l’impertinence, les airs ridicules, la fausse gloire, & le ton critique, si méprisable & si ordinaire chez les lunaires : la moitié de ce monde est occupée à médire de l’autre. Nous ne fûmes pas un quart-d’heure à reconnoître ses brillantes qualités.

De retour à l’hôtel de Damon, je fus très-surpris de trouver son grand salon rempli d’une