son ame se transporte, s’extasie, se sublimise & se divinise. Enfin, mon très-cher, c’est la seule idole à laquelle il sacrifie. Que dis-tu de cette métamorphose ? Ne la trouves-tu pas étonnante ? Ah ! finis donc, dit Licidas, tu m’excèdes : sais-tu que ton récit fait tableau ? En vérité, il faut s’anéantir sous le charme d’une narration si rapide & si radieuse. Tu es divin, mon cher, il faut que je t’embrasse. Mais en bonne-foi, crois-tu que le marquis pousse aussi loin la folie ? Si cela est, je ne crois pas qu’il ose jamais se montrer dans le grand monde.
CHAPITRE III.
Des Théâtres.
Nous passâmes plusieurs jours à faire des
visites & à en recevoir : c’est une des grandes
occupations des lunaires. Il vint un jour un seigneur,
mis fort simplement, & dont la figure
ne relevoit point du tout l’ajustement : un écuyer
superbement vêtu lui donnoit la main ; nombre
de domestiques étoient à sa suite, couverts d’habits
rouges, galonnés d’or, avec des chapeaux
bordés de même, & ornés de beaux plumets
blancs, Le valet-de-chambre de Monime, qui
pensoit que tous ces messieurs étoient autant