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Voyages

Damon nous conduisit à l’opéra-comique, où nous trouvâmes Licidas, qui étoit devenu un des soupirans de Monime. Il vint dans notre loge, où après avoir débité quelques jolies fadeurs, il annonça à Damon la perte d’une grande bataille, où une partie de leur armée avoit été taillée en pièces, qu’on disoit la déroute entière ; nomma plusieurs de ses parens & de ceux de Damon, qui étoient restés sur le champ de bataille ; d’autres avoient été faits prisonniers, & qu’enfin la consternation étoit générale. Nous fûmes sensiblement touchés du malheur qui venoit d’arriver. Monime témoigna à Damon & à Licidas la part qu’elle prenoit à leurs douleurs, dans les termes les plus touchans.

Rentrés dans notre appartement avec Zachiel, nous passâmes une partie de la nuit à déplorer le malheureux sort de nombre de familles. Monime, peu au fait des usages de cette nation, plaignoit sur-tout quantité de veuves, qui, en perdant leurs époux, se trouvoient encore ruinées par les dépenses excessives qu’ils avoient été obligés de faire, proportionnées à leur poste ou à leur dignité : d’autres perdoient un fils unique, seul soutien de leur nom & l’espérance de toute une famille.

Les jours suivans nous ne vîmes point Damon ; nous pensâmes, qu’uniquement occupé