Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/97

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continue le génie, de ces secrets impénétrables, qu’il est défendu aux citoyens de ce monde d’approfondir. C’est ainsi que ceux qui sont à la tête du conseil en usent dans toutes les occasions, afin de s’assurer à eux-mêmes l’impunité de leurs fautes, & d’obtenir par ce moyen les mêmes récompenses qu’ils ont fait obtenir aux autres ; car ici chacun parvient à son tour à la dignité de premier visir ; c’est une loi établie chez ces peuples depuis leur création.

Cependant la reine qui les gouverne est douée de tous les talens imaginables : mais tel est le malheur des souverains, la vérite les fuit, quelques soins qu’ils prennent de la chercher : la bouche des courtisans n’est point faite pour leur présenter, jamais ils ne lui exposent les choses comme elles sont. Si un particulier ne peut se vanter de connoître à fond les désordres qui se commettent dans sa propre maison, comment seroit-il possible qu’un prince, presque toujours séduit par le nombre de flatteurs qui l’environnent, pût être éclairé sur tout ce qui trouble ses états ? On ne doit donc jamais l’accuser des fautes qui se commettent dans son royaume, puisqu’il est impossible que ses vues s’étendent sur les différens objets qui le font mouvoir, & qu’il est obligé de s’en rapporter à la bonne-foi & aux lumières de ceux qu’il charge