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Voyages

Je trouvai l’idée de ce garçon si plaisante, que j’en fis part le soir même à Zachiel, qui, loin d’en être surpris, m’assura que ces aventures étoient très-fréquentes chez les Joviniens. La plupart des domestiques, sur-tout ceux des Seigneurs, ont presque tous un habit bourgeois, lorsque ceux de leurs maîtres ne peuvent leur servir, quand ils veulent contrefaire les messieurs ou copier leurs maîtres, s’introduire au spectacle, ou dans d’autres endroits où l’on ne souffre point les gens de livrée.

Rien n’est plus abject, au jugement des Joviniens, poursuivit Zachiel, que de n’avoir d’autre titre que celui de bourgeois, ce qui fait qu’on les voit mettre tout en œuvre pour s’en procurer un plus distingué, afin de se donner un nom. Un marchand ambitionne d’élever son fils dans la magistrature ; le fermier d’un seigneur, devenu riche par son travail, met le sien dans le militaire, & prenant à la lettre cette expression figurée, se donner un nom, ne cherchent point d’autre finesse que celle de changer celui de leur famille en en retranchant quelques lettres, ou y ajoutant quelques syllabes ; par cette espèce de combinaison le fils de Pierrot se transforme aisément en Pirtori, qui est un des plus beaux & des plus anciens noms de cet empire ; il ne faut pas oublier de mettre avant le nom la particule du ou de ; cette précau-