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Voyages

quelques soufflets furent donnés & rendus, on mit l’épée à la main ; mais le seigneur Paragon ne trouvant point la sienne pour se défendre, alloit indubitablement être mis en pièces, si le bruit qu’ils faisoient n’eût invité les voisins à appeler du secours ; ces brigans se sauvèrent avec leur donzelle, au moyen d’une porte secrete qui donnoit dans une autre rue, & le seigneur Paragon se vit dans la nécessité d’avaler à longs traits toute la honte d’une pareille aventure, sans pouvoir se flatter d’en obtenir aucune vengeance.


CHAPITRE II.

Portrait des Joviniens.


Dans la Jovinie les grands Seigneurs, & ce qui s’appelle l’ancienne noblesse, y sont affables, humains, sans arrogance & sans fierté : mais les nouveaux nobles font les rodomonts, & semblent avoir sucé avec le lait la vanité, l’orgueil & la fierté ; ils se croient seuls respectables, exigent des soumissions, se méprisent entr’eux, se portent envie & se haïssent. Ce monde tire sans doute de la lune l’air contagieux du faste, & de Venus celui de la mollesse & de la volupté, ce n’est que magnificence dans les meubles, que somptuosité