CHAPITRE II.
Forêt merveilleuse.
LE génie, dont l’intention étoit de nous faire
visiter les diverses contrées que renferme ce globe
lumineux, & de nous en faire admirer en même
tems toutes les merveilles, nous fit descendre du
Parnasse par une espèce de chemin couvert qui sert
de route aux habitans de cette planète lorsqu’ils
veulent se rendre à la montagne pour participer
aux dons que le souverain du Parnasse répand sur
ses peuples.
Ce chemin qui est rempli d’un sable d’or, conduit à des souterreins qu’on pourroit prendre pour des cavités de cette planète embrasée. C’est-là, sans doute, ce qui empêche les habitans de ressentir l’ardeur des rayons du soleil, parce qu’il semble que leur force augmente à mesure qu’ils s’éloignent de cet astre. Cette partie du soleil peut être comparée à nos caves, dont la fraîcheur paroît augmenter à proportion de la chaleur. Il est bon d’avertir qu’il n’y a point de nuits dans ce monde ; comme c’est le centre de l’univers, Appollon y répand toujours sa lumière la plus pure : mais la fraîcheur des cavités tempere l’air & le rend plus serein que dans pas un des autres mondes.