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Voyages

qu’intérêt ou politique. Tous ces manèges sont un savoir faire que les courtisans étudient, qu’ils exercent & mettent en pratique ; tourmentés par l’ambition, il est rare qu’ils parviennent à la satisfaire. La plupart des courtisans sont flatteurs, traîtres envers ceux qui ont besoin d’eux, dissimulés, fiers, ambitieux, & sans cesse occupés dans de nouvelles brigues pour tâcher d’abattre leurs concurrens & se rendre maîtres de disposer de la faveur du prince, en cherchant les moyens de lui rendre suspects ceux qui sont doués d’un vrai mérite.

Cependant l’empereur s’est acquis, à tous égards, l’amour de ses sujets ; il a tous les talens qui conviennent à un grand monarque, c’est-à-dire, ce véritable courage qui consiste à se posséder parfaitement soi-même, â balancer les raisons du pour & du contre, à former sans précipitation, & avec discrétion, tous les plans de ses entreprises, à les exécuter avec prudence & fermeté, à distinguer ce qui convient pour rendre ses peuples heureux, en les traitant plus en père qu’en souverain : au milieu du faste & de la splendeur de sa cour, il a toujours conservé un cœur incapable de perfidie ; rempli d’amour pour la bonne-foi & la vérité, il la protège dans tous ses traités & la prêche d’exemple à ses sujets. Souvenez-vous, mon cher Céton, que