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Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 18.djvu/253

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de Milord Céton.

billon du monde qui l’a vu naître ; c’est là où elle doit se choisir un époux qui soit digne d’elle ; les voyages que je lui ai fait entreprendre, ne sont que dans la vue de la rendre digne de régner sur des peuples qui doivent lui être soumis ; cependant elle vient de recevoir un outrage par l’emportement qui vous est échappé contre un de ses proches, comme s’ils eussent été l’un & l’autre soumis à votre empire.

Tout autre qu’un génie n’eût jamais osé parler avec autant de liberté. Monime jugeant par ce discours qu’elle n’avoit rien à craindre pour mes jours, sentit renaître dans ce moment son courage & sa fermeté ; la présence du génie lui inspira une noble hardiesse, & s’adressant à l’empereur : je suis au désespoir, seigneur, dit Monime, que mon trouble, ma timidité, mon peu d’usage & mon peu de lumière sur les loix de votre empire, m’aient empêché jusqu’à présent de découvrir à votre majesté les véritables sentimens qui m’animent ; ils sont tels que je voudrois qu’il fût en mon pouvoir de répondre d’une manière digne de vous & de moi à ceux dont vous avez bien voulu m’honorer.

Les loix de votre empire vous permettent d’avoir plusieurs femmes, sans manquer au devoir de votre religion ; ce seroit un crime dans la mienne de consentir à l’ardeur de vos desirs ; deux obstacles invincibles s’opposent à votre satisfaction, ma religion