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de Milord Céton.

ne laisse au fond de leurs cœurs qu’une émotion legère & douce. Les passions des hommes qui font ailleurs leurs tourmens, ne servent ici qu’à leur félicité, ils n’éprouvent presque jamais aucune agitation violente, ni aucune de ces maladies d’esprit connues dans votre monde sous le nom de vapeurs.

Vous verrez régner par-tout le goût de l’agriculture & celui du commerce, qui sont regardés comme deux colonnes sur lesquelles ils posent tout l’édifice de leur politique ; ce sont aussi les seuls qui les occupent le plus. Ces peuples ne sont point entichés de ce fatal préjugé qu’on voit régner dans les autres mondes, & qui tient ceux qui cultivent des talens si nécessaires au bien public, dans une honteuse obscurité : mais loin d’avilir ces talens, ils y attachent une marque de distinction, & l’humanité est chez eux une vertu naturelle. Ils regardent leur prince comme l’image de l’intelligence souveraine & comme leur père commun ; ils ont pour lui un respect & une entière soumission à ses ordres ; liés par le serment de fidélité, ils lui obéissent par un sentiment d’amour & de reconnoissance.