Contentes l’une & l’autre de passer le reste de nos jours ensemble, Cléontine ne s’occupe que de l’éducation de son fils, je partage avec elle ses soins que nous regardons comme un devoir ; c’est aussi ce qui forme nos plaisirs & fait couler nos jours dans une paix inaltérable.
CHAPITRE IV.
Tableau de la cour.
Monime, après avoir remercié Floride de sa
complaisance, se leva, & nous primes un petit
sentier qui conduisoit à la maison de nos belles
veuves. Cette maison simple, mais commode, est
garnie de tout ce qui peut servir à des amusemens
honnêtes, on y voit des jardins où l’art est si bien joint
à la nature, qu’à peine y apperçoit-on la main des
hommes. Cette maison est faite pour être habitée,
on n’y voit rien que de riant & d’agréable, tout y
respire la propreté & rien n’y sent le luxe ; il n’y a
pas un appartement où l’on ne trouve toutes les
commodités nécessaires. Au lieu de cette multitude
de gens désœuvrés qu’on nomme dans notre monde
bonne compagnie, Floride & Cléontine ne rassembloient
chez elles que des personnes qui intéressent
le cœur par mille endroits avantageux, & qui ra-