CHAPITRE XII.
Guerre contre les Turcs.
Malgré les fêtes que chacun s’empressoit de
nous donner chaque jour, nous ne pûmes vaincre
une sombre mélancolie qui s’empara de nos cœurs,
triste pressentiment des peines que nous avions
encore à souffrir. Rien en apparence ne manquoit
à notre commune félicité, lorsque le génie nous
annonça qu’il étoit obligé d’obéir à des ordres
supérieurs qui le rappeloient dans un autre monde ;
cependant, ajouta-il, je ne veux point vous
abandonner que je ne vous aie entièrement affermis
sur votre trône ; je vous avertis que votre
royaume est encore menacé des plus grands périls ;
le Sultan, à qui vous avez refusé de vous rendre
tributaires, s’avance à la tête d’une armée formidable,
hâtez-vous de rassembler toutes vos troupes,
joignez-y celles de vos alliés, la justice est de
votre côté ; implorez la divinité, elle seule peut
vous assurer la victoire ; c’est elle qui, la balance
en main, règle le sort des combats. Souvenez-vous
que vous ne pouvez rien faire sans la sagesse,
la justice & la prudence ; ce sont ces vertus qui