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Voyages

sapent peu-à-peu les fondemens d’une autorité injuste, & la font tomber par son propre poids, parce-qu’elle a elle-même détruit de ses mains ses vrais soutiens, la bonne foi & la justice.

Après que nous nous fumes emparés du champ de bataille, la reine ordonna que tout le butin fût abandonné aux soldats qui firent un profit considérable. On ne s’amusa point à poursuivre l’ennemi dans des pays dévastés. Le Sultan humilié envoya son grand visir pour dresser des articles qui devoient tendre à une paix générale ; le génie les dressa lui-même, & lorsqu’ils furent signés de part & d’autre, nous licenciâmes nos troupes, & nous nous rendîmes à petites journées dans la ville capitale, où nous rentrâmes triomphans ; les temples retentirent des vœux & des prières du peuple, & les autels furent chargés d’offrandes qu’on présenta à la divinité, en actions de graces pour les faveurs qu’elle venoit de nous accorder.

Plusieurs jours se passèrent en réjouissances, pendant lesquels nous fûmes complimentés par les différens ordres de l’état, qui tous s’empressèrent à nous témoigner leur reconnoissance, & la part qu’ils prenoient à la joie commune : mon père marqua la sienne en particulier à la reine par les louanges les plus délicates, ce qui parut un peu l’embarrasser, & lui fit demander qu’on re-