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Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 18.djvu/65

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Voyages

quelques autres, pour y discuter sur l’esprit : voici comme un de ces philosophes nous expliqua le sentiment qu’on en doit porter.

L’esprit, nous dit-il, est une qualité de l’ame qui élève & anime des sentimens communs, & des expressions simples, en leur donnant cette tournure élégante & fine qui attire l’admiration, & cause en même-tems de la surprise ; il sert à animer nos pensées, à rendre nos expressions vives, agréables & nouvelles. L’esprit ne peut être que l’effet d’une imagination brillante, fertile, & enrichie d’une grande variété d’idées. On doit distinguer deux sortes d’esprits ; celui qui est rempli de feu s’élève avec plus de rapidité, il va plus loin, mais il se soutient rarement dans cette élévation ; au lieu qu’un esprit brillant, qui a de la vivacité, de l’agrément & de la justesse, s’écarte peu de son sujet ; ainsi l’un peut être comparé à un excellent cuisinier qui donne un goût exquis aux mets les plus simples ; & l’autre, à un admirable ouvrier qui embellit d’une riche broderie les étoffes les plus communes. Il y a de si belles productions d’esprit, que tout le monde les sent & les admire sans en savoir la raison. Il y en a d’autres qui sont si fines & si délicates, que peu de personnes sont capables d’en remarquer toutes les beautés. Nous en avons encore quelques-unes, qui, sans être parfaites, sont néanmoins dites avec