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Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 18.djvu/80

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de Milord Céton.

égarer dans des chemins peu battus : les lumières de l’esprit apprennent à douter & s’arrêter lorsqu’on ne peut éclaircir ses doutes. Vous me répondrez peut-être que le doute est sans action, & qu’il en faut aux hommes ; cependant depuis qu’on cherche à découvrir la vérité, on ne peut encore s’assurer de l’avoir trouvée, quoique les hommes emploient chaque jour un courage incroyable à la recherche des choses dont ils sont entêtés ; ils croient sans doute que ce qui est échappé aux lumières des autres est réservé à leur découverte ; ils ont au moins l’espérance ; & cette espérance, quoique souvent vaine, leur est toujours agréable ; enfin si la vérité ne se démontre ni aux uns ni aux autres, le plaisir de la même erreur les console : elle leur est due.

Nos plus savans philosophes, continua cet orateur, nous apprennent que nous ne sommes que des fragmens dispersés de la divinité même, ou des gouttes séparées de son essence, des esprits volatils de l’éternité, fixés par la destinée ou par le hasard dans les véhicules du tems & de la matière. Vous ne devez pas ignorer que la masse entière de l’univers corporel n’est qu’une toile extrêmement déliée, tirée des entrailles d’un être infini, & travaillée par lui-même avec un art inimitable, pour y prendre des formes, des idées & des âmes immatérielles : telles sont les productions naturelles de