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Les aventures

ils étoient séparés en plusieurs bandes assez éloignées l’une de l’autre.

Ce spectacle jeta les Espagnols dans une terrible consternation ; ils les voyoient roder par-tout, & appréhendoient fort que par quelque accident, ils ne vinssent à découvrir leur habitation, ou qu’ils ne fussent assurés par quelque marque que le lieu étoit peuplé. Ils craignoient sur-tout pour leur troupeau, qui ne pouvoit pas être détruit sans les mettre en danger de mourir de faim.

Pour prévenir ce désastre, ils détachèrent d’abord deux Espagnols & trois Anglois, avec ordre de chasser tout le troupeau dans la grande vallée où étoit ma grotte, & de le faire entrer dans la grotte même s’il étoit nécessaire.

Ils résolurent en même tems, s’il arrivoit que les sauvages s’assemblassent tous en une seule troupe, & s’éloignassent de leurs canots, de tomber sur eux quand ils seroient une centaine. Mais c’est à quoi il ne falloit pas s’attendre ; il y avoit entre leurs petites bandes la distance d’une grande demi-lieue ; &, comme il parut ensuite, elles étoient de deux nations différentes.

Après s’être arrêtes quelque tems pour délibérer sur le parti le plus sûr qu’il y avoit à prendre dans cette conjoncture, ils résolurent d’envoyer le vieux sauvage, père de Vendredi, pour reconnoître pendant qu’il faisoit encore obscur,