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de Robinson Crusoé.

première chose qui leur parut digne d’attention, ce fut d’examiner, si, instruits par l’expérience que le côté de l’île qu’ils occupoient étoit le plus fréquenté par les sauvages, ils ne feroient pas bien de se retirer dans un endroit plus éloigné, tout aussi propre à leur fournir abondamment de quoi vivre, & infiniment plus capable de mettre en sûreté leur bled & leur bétail.

Après beaucoup de raisonnement pour & contre ce projet, on résolut de ne point changer de demeure, parce qu’il pourroit arriver un jour que le vieux gouverneur leur envoyât quelqu’une de sa part, qui ne pourroit que les chercher en vain, s’ils s’éloignoient de son ancienne demeure ; & qui les croiroit tous péris, s’il voyoit son château détruit : ce qui les priveroit à jamais de tout le secours que j’aurois la bonté de leur donner. Mais pour leur bled & leur bétail, ils tombèrent d’accord de les reculer dans la vallée où étoit ma grotte, & où il y avoit une grande étendue de fort bonne terre. Cependant après y avoir pensé plus mûrement, ils changèrent de dessein, & prirent la résolution de n’envoyer dans cette vallée qu’une partie de leur bétail, & de n’y semer que la moitié de leur bled, afin que, si par quelque désastre une partie en étoit détruite, le reste pût être hors d’insulte, & leur fournir le moyen de réparer leur perte.