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de Robinson Crusoé.

seule de manger ces prisonniers leur fit horreur. Le grand nombre de ces pauvres gens étoit embarrassant : cependant ils n’osèrent refuser un présent de cette valeur ; ç’auroit été faire un cruel affront à cette nation sauvage. Ils se déterminèrent enfin à l’accepter, & donnèrent en récompense à ceux qui le leur avoient fait une de leurs haches, une vieille clef, un couteau & cinq ou six balles de fusil, qui leur plaisoient fort, quoiqu’ils en ignorassent l’usage. Ensuite les sauvages liant les pauvres captifs les mains derrière le dos, les portèrent eux-mêmes dans le canot.

Les Anglois furent obligés de quitter le rivage dans le moment, de peur que, s’ils fussent restés à terre la bienséance ne les eût forcés à tuer quelques-uns de ces pauvres gens, à les mettre à la broche, & à prier ceux qui avoient eu la générosité de les pourvoir de cette belle provision.

Ayant donc pris congé des gens de l’île, avec toutes les marques de reconnoissance qu’il est possible de faire par signes, ils remirent en mer, & s’en retournèrent vers la première île, où ils donnèrent la liberté à huit de leurs prisonniers, trouvant le nombre qu’ils en avoient trop grand pour ne leur être pas à charge.

Pendant le voyage, ils firent de leur mieux pour lier quelque commerce avec leurs sauvages ; mais il fut impossible de leur faire comprendre