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de Robinson Crusoé.

pria le la laisser dans l’île, & de l’agréger comme un membre de ma famille. Le jeune homme me fit la même prière, & j’y consentis avec plaisir. Je leur donnai un petit terrein, où on leur fit trois tentes, entourées d’ouvrages de vanie, construites à la manière de la maison d’Athkins.

Ces tentes étoient liées ensemble d’une telle manière, que chacun avoit son appartement, & que celle du milieu pouvoit servir de magasin & de salle à manger pour l’usage de l’un & de l’autre. Les deux Anglois trouvèrent à propos de changer de demeure, & d’approcher davantage de ces nouveaux venus. C’est ainsi que l’île resta toujours partagée en trois colonies.

Les Espagnols, avec le père de Vendredi & les premiers esclaves, étoient toujours dans mon vieux château sous la colline, lequel devoit passer pour la capitale de mon empire à fort juste titre. Ils l’avoient tellement étendu, qu’ils y pouvoient vivre fort au large, quoiqu’entièrement cachés, & je suis sûr qu’il n’y eut jamais au monde une petite ville dans un bois si parfaitement à l’abri de toute insulte. Mille hommes auroient parcouru toute l’île pendant un mois entier sans la trouver, à moins que d’être avertis qu’elle y étoit réellement. Les arbres qui l’entouroient étoient si serrés, & leurs branches étoient tellement entrelacées les unes dans les autres,