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de Robinson Crusoé.

entière de la vérité ; & s’il réussit à inspirer la religion chrétienne à sa pauvre femme, je ne saurois jamais croire, qu’il périra lui-même. Ma joie est donc fondée quand je vois quelqu’un approcher de la véritable église, quoiqu’il n’y entre pas aussi-tôt que je le souhaiterois. Il faut s’en fier, pour la perfection de l’ouvrage, à Dieu qui l’achevera lorsqu’il le trouvera à propos. Je serois charmé, je vous proteste, si tous les sauvages ressembloient à cette bonne femme, dussent-ils être d’abord tous protestans ; & je croirois fermement que Dieu, ayant commencé à illuminer leur esprit, leur accorderoit de plus en plus les lumières d’en haut, & les feroit entrer à la fin dans le sein de son église.

J’étois surpris de la sincérité de ce pieux papiste, à mesure que j’étois convaincu par la force de son raisonnement ; & je me mis d’abord dans l’esprit, que si une pareille modération étoit générale parmi les hommes, nous pourrions être tous chrétiens catholiques, quelle que pût être la différence de nos sentimens particuliers, & que cet esprit de charité nous conduiroit bientôt tous aux mêmes principes. Comme il croyoit qu’une pareille tolérance nous rendroit tous catholiques, je lui dis que je m’imaginois que si tous les membres de son église étoient capables d’une charité pareille, ils seroient bientôt tous protes-