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Les aventures

plongé un poignard dans le sein ; mais j’ai abrégé ses jours en lui ôtant toute sa consolation, & en empoisonnant tous ses plaisirs. Je l’ai tué, monsieur, par la plus noire ingratitude, par laquelle j’ai répondu à la tendresse la plus forte que jamais père eut pour son fils.

R. Cr. Tranquillisez-vous, Atkins, je ne vous ai pas fait cette question pour vous arracher l’aveu que vous venez de faire ; je prie Dieu de vous en donner un sincère repentir, comme aussi de tous vos autres péchés. Je vous l’ai faite seulement parce que je m’apperçois que quoique vous ne soyez pas extrêmement éclairé, vous ne laissez pas d’avoir une idée de la religion & de la morale, & que vous en savez plus que vous n’en avez pratiqué.

G. At. Ce n’est pas vous qui m’avez arraché cet aveu, monsieur ; c’est ma conscience. Quand nous commençons à jeter la vue sur nos péchés passés, il n’y en a point qui nous touchent plus sensiblement que ceux que nous avons commis contre des parens pleins d’indulgence pour nous. Il n’y en a point qui fassent des impressions si profondes, & qui nous accablent davantage.

R. Cr. Il y a dans votre discours quelque chose de si pathétique, Atkins, que je ne saurois l’entendre sans me troubler.