Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/286

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
280
Les aventures

cinq nations, qu’ils avoient cinq rois, & que leur dessein avoit été d’aller combattre deux nations ennemies. Nous lui demandâmes encore par quelle raison ils s’étoient approchés de nous ? Et nous sûmes de lui que leur intention n’avoit été d’abord que de contempler une chose aussi merveilleuse que notre vaisseau le leur avoit paru. Tout cela fut exprimé dans un langage plus mauvais encore que ne l’avoit été celui de Vendredi, quand il commença à s’énoncer en anglois.

Il faut que je dise encore un mot ici du pauvre garçon, du fidèle Vendredi. Nous lui rendîmes les derniers honneurs, avec toute la solemnité possible , nous le mîmes dans un cercueil, & après l’avoir jeté dans la mer, nous prîmes congé de lui par onze coups de canon. C’est ainsi que finit la vie du meilleur & du plus estimable de tous les domestiques.

Continuant notre voyage avec un bon vent, nous découvrîmes la terre, le douzième jour après cette aventure, au cinquième degré de latitude méridionale : c’étoit la partie de toute l’Amérique qui s’avance le plus vers le nord-est. Nous fîmes cours vers le sud quart à l’est, en ne perdant point le rivage de vue pendant quatre jours, à la fin desquels nous doublâmes le cap Saint-Augustin, & trois jours après