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Les aventures

reusement les hommes ne deviennent sages que par leurs propres disgraces, & jamais leur expérience ne leur est d’un si grand usage, que quand elle leur coûte cher.

Nous étions destinés pour le golfe de Perse, & de-là pour la côte de Coromandel ; & notre but n’étois que d’aller en passant à Suratte.

Le principal dessein du Super-Cargo regardoit la baye de Bengale, & s’il ne trouvoit pas occasion d’y faire ses affaires, il devoit aller à la Chine & revenir à Bengale à son retour.

Le premier désastre qui nous arriva fut dans le golfe de Perse, où cinq de nos gens étant allés à terre sur la côte qui appartient à l’Arabie, furent tués ou emmenés comme esclaves par les gens du pays. Leurs compagnons ne furent point en état de les délivrer, ayant assez à faire eux-mêmes pour se sauver dans la chaloupe. Je leur dis naturellement, que je regardois ce malheur comme une punition du Ciel. Mais le bosseman me répondit avec chaleur, que j’aurois bien de la peine à justifier mes censures & mes reproches par des passages formels de l’écriture, & il m’allégua celui où il est dit, que ceux sur qui étoit tombée la tour de Silé, n’avoient pas été plus grands pécheurs que les autres Galiléens. Je confesse que je ne trouvai