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Les aventures

Tartatie, que je ne faisois dans la Chine, malgré la bonté des chemins, qui y sont parfaitement bien entretenus. Rien ne me choquoit davantage, que de voir ce peuple hautain, impérieux, insolent, au milieu de la misère, & de la plus grossière ignorance, que ceux qui n’en jugent que superficiellement, traitent d’esprit & d’industrie. Quoique leurs manières me rebutassent au suprême degré, je ne laissois pas de m’en divertir souvent avec le père Simon. Un jour en approchant du château prétendu d’une espèce de gentilhomme campagnard, nous eûmes d’abord l’honneur d’être en compagnie du maître, pendant une grande demi-lieue. Son équipage étoit un don-Quichotisme parfait, un vrai mélange de pompe & de pauvreté : l’habillement de ce don-Chinois auroit convenu à merveille à un Trivelin, ou à un Jean Potage. C’étoit une toile des Indes, richement brodée de graisse ; on y voyoit briller tout l’ornement nécessaire pour le rendre ridicule ; de grandes machines pendantes, des falbalas, &c. Cette robe magnifique couvroit une veste de taffetas noir, aussi grasse que celle d’un boucher, preuve convaincante que celui qui la portoit étoit un salop insigne.

Son cheval étoit une noble copie du fameux Rossinante. Il étoit vieux, maigre, & à moitié mort de faim : on en acheteroit un meilleur en