Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/424

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
418
Les aventures

dressai pour trouver un bon chameau, s’offrit à me l’aller chercher ; mais, comme un vieux fou, je voulus lui tenir compagnie. Il fallut faire deux lieues pour arriver à cet endroit, où ces animaux sont à l’abri des Tartares, parce qu’on y a mis une bonne garnison. Je fis ce chemin à pied, avec mon pilote Portugais, étant bien aise de me divertir par cette petite promenade, & de me délasser de la fatigue d’aller tous les jours à cheval. Nous trouvâmes la petite ville en question située dans un terrein bas & marécageux, environnée d’un rempart de pierres mises les unes sur les autres, sans être jointes par du mortier, comme les murailles de nos parcs en Angleterre : elle étoit défendue par une garnison Chinoise qui faisoit la garde à la porte.

Après y avoir acheté un chameau qui m’agréoit, nous nous en revînmes avec le Chinois qui conduisoit la bête ; c’étoit celui qui l’avoit vendue. Mais bientôt nous vîmes venir à nous cinq Tartares à cheval, deux desquels attaquèrent notre Chinois, & lui ôtèrent mon chameau, dans le tems que les trois autres nous tombèrent sur le corps à mon pilote & à moi, nous voyant pour ainsi dire sans armes, puisque nous n’avions que nos épées qui ne pouvoient pas nous servir beaucoup contre des cavaliers.

Un de ces gens, comme un vrai poltron,