Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/446

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
440
Les aventures

c’étoit à plus de cent milles de ce village, & que les gens du pays étoient accoutumés à porter leur idole par toute la nation. Eh bien ! « lui répondis-je, il faut donc que l’idole soit punie elle-même de ce meurtre, & elle le sera, si le ciel me laisse vivre seulement jusqu’à demain matin ».

Me voyant absolument déterminé à suivre ma résolution, il me dit que je ne l’éxécuterois pas seul, qu’il me suivroit, & qu’il prendroit pour troisième un des ses compatriotes, fort brave homme ; il se nommoit le capitaine Ricardson, & m’assuroit qu’il n’avoit pas moins d’horreur que moi, pour des coutumes aussi diaboliques que celles des Tartares. Il l’amena, & je lui fis un détail de ce que j’avois vu, & de mon projet. Là-dessus nous résolûmes d’y aller seulement nous trois, puisque mon associé, à qui j’en avois fait la proposition, n’avoit pas trouvé à propos d’être de la partie. Il m’avoit dit qu’il seroit toujours prêt à me seconder, quand il s’agiroit de défendre ma vie ; mais qu’une pareille aventure n’étoit nullement de son goût. Nous ne devions donc être que nous trois, & mon valet ; & nous prîmes la résolution de n’exécuter notre entreprise qu’à minuit, & de nous y prendre avec toute la précaution & avec tout le secret imaginables.