Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/462

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nous trouverions les gens polis, & les pays peuplés ; mais je m’étois fort trompé à ces deux égards, puisque nous avions encore à traverser le pays des Tartares Tonquois, où nous vîmes les mêmes marques d’un paganisme barbare, & même des marques encore plus grossières que celles qui nous avoient si fort choqués auparavant. Il est vrai qu’étant entièrement assujettis par les Moscovites, & mieux tenus en bride que les autres, ils n’étoient ni si insolens, ni si dangereux que les Monguls ; mais, en récompense, nous vîmes très-clairement qu’ils ne le cédoient à aucun peuple barbare de l’univers, en grossièreté de manières, en idolâtrie, & en nombre de divinités. Ils sont tous couverts de peaux de bêtes sauvages, aussi bien que leurs maisons ; & il n’est pas possible de distinguer un homme d’une femme, par l’habit, ni par l’air. En tems d’hiver, quand toute la terre est couverte de neige, ils vivent dans des souterreins distingués en plusieurs différentes cavernes.

Si les Monguls avoient leur Cham-Chi-Thangu pour toute la nation, ceux-ci avoient des idoles en chaque tente & en chaque cave. D’ailleurs ils adoroient le soleil, les étoiles, la neige, l’eau, en un mot tout ce qui offroit à leur esprit quelque chose de merveilleux ; & comme leur crasse ignorance leur fait trouver du surprenant par-tout,