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de Robinson Crusoé.

faire venir toute la bande. Il me demanda si j’avois envie de me promener vers mon château, afin qu’il eût le plaisir de m’en remettre en possession, sans avoir la satisfaction pourtant de m’y montrer les augmentations & les embellissemens que je devois naturellement m’attendre.

Je le voulus bien ; mais il me fut aussi impossible de trouver ma demeure, que si je n’y avois jamais été. Ils avoient planté un si grand nombre d’abres, ils les avoient arrangés d’une manière si bisarre, & les avoient placés si près l’un de l’autre, qu’étant extrêmement crûs pendant les dix années de mon absence, ils rendoient mon château absolument inaccessible. On n’en pouvoit approcher que par des chemins si tortueux, que c’étoit un vrai labyrinthe pour tout autre que pour les habitans.

Quand je lui demandai, quelle raison l’avoit porté à faire tant de fortifications ; il me dit que j’en verrois assez la nécessité, quand il m’auroit donné un détail de tout ce qui s’étoit passé depuis l’arrivée des espagnols dans mon île. « Quoiqu’alors, poursuivoit-il, je fusse dans une grande consternation de votre départ, je ne laissai pas d’être charmé de votre bonheur, qui vous avoit procuré si à propos un bon navire pour vous tirer de ce désert. J’ai eu fort souvent, continua-t-il, certains mouvemens dans l’esprit qui me