Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/119

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SECONDE PARTIE.


Nous étions dans cette perplexité, & nous nous entretenions les uns & les autres du péril & de la ſituation nouvelle & extraordinaire où nous nous trouvions, lorſqu’un événement encore plus prodigieux ſuccéda ; un bruit ſurprenant ſe faiſoit au-deſſus de notre tête. Nous prêtâmes l’oreille avec attention ; il nous ſembloit que l’on travaillait ſur le vaiſſeau à coups de hache & de marteau. Un moment après nous vîmes les ais de la ſainte Barbe, dans laquelle nous nous étions réfugiés, ſe détacher les uns après les autres. Nous jettâmes un cri unanime d’effroi à la vue du dépouillement du navire qui continuoit à ſe faire, & à celle d’une multitude innombrable de monſtres ailés, qui s’occupoient de concert à la ruine entière du vaiſſeau. Les uns enlevoient les mats, les autres coupoient les cordages ; celui-ci ſe chargeoit des proviſions ; enfin chacun d’eux ſe montroit ardent à contribuer à ſa deſtruction. Le tems que ces monſtres mirent à dépouiller le haut du navire, fut très-peu conſidérable, & nous permit cependant de diſtinguer ces créatures ſurprenantes : leurs têtes étoient fort groſſes, &