Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/42

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à pieds nuds avec un arroſoir à la main, dont il ſortoit une huile tirée du cuir humain, avec laquelle on humectoit perpétuellement ce charnier. La reine preſſa Lamékis de la faire ſortir de cet endroit où l’odorat ſouffroit extrêmement. Il abrégea la cérémonie par conſidération : on la fit entrer dans la catacombe ; à peine en put-elle ſoutenir l’ardeur. On lui ôta la bandelette dont on l’avoit ceinte, on l’arroſa de l’huile ſacrée, & l’on y mit le feu ; une flamme légère en brûla la ſuperficie : Lamékis la remit toute brûlante ſur le front délicat de la reine. La douleur qu’elle en reſſentit fut ſi violente, qu’elle jetta un cri horrible : la voûte en retentit, & il ſe fit entendre de tous les lieux voiſins ; des hurlemens furieux y répondirent ; & le bruit s’augmenta à un tel point, qu’il ſembloit que les voûtes alloient crouler.

» Ah ! madame, qu’avez-vous fait, s’écria le grand-prêtre ? Je vous avois prévenue ; votre voix vous trahit : ſi vous êtes reconnue pour une femme, nous ſommes perdus. Le murmure que j’entends de toutes parts, me fait trembler pour vos jours précieux : de quels remèdes ſe ſervir pour les préſerver de la rebellion ? Vous avez vu vous-même la garde exacte que l’on fait dans ces lieux. Comment échapper à une fureur qu’ils croient légitime ? » Il n’eut pas