Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/110

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orangers aussi blancs que la neige répandoient une odeur délicieuse ; les statues du marbre le plus rare sembloient des personnes vivantes, que l’art magique avoit rendues immobiles : enfin les eaux, qui paroissoient sous mille formes différentes, mêloient un continuel murmure au chant d’un nombre infini d’oiseaux de couleurs si belles & si variées, qu’il sembloit que les fleurs se mirassent dans leurs plumes.

Quand Prenany & son compagnon eurent cueilli des fleurs en se promenant, ils virent paroître la fée sur le perron du palais. Elle étoit encore plus éclatante que la veille ; un corps étroit lui marquoit la taille, & elle avoit une jupe de couleur de rose garnie de réseau vert & argent, dont les festons étoit attachés avec des boutons d’émeuraudes entourées de carats ; elle avoit ajouté des diamans à sa coiffure, & l’avoit ornée d’une guirlande de fleurs qui badinoit sur son sein ; sa chaussure repondoit à son ajustement, & n’ôtoit rien à la finesse du plus joli pied du monde.

Quand elle parut, le joueur de flûte s’éloigna sans rien dire, ce qui fit grand plaisir à Agis qui ne pouvoit le souffrir. Prenany & le jeune page s’avancèrent au-devant de la fée, & lui présentèrent chacun un bouquet ; elle les prit d’un air obligeant. Elle sentit celui d’Agis ;