Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/127

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Dondin avoit défendu, dit le capitaine, qu’on portât des petits pois à Amazonie ; il faut que vous soyez d’intelligence avec nos ennemis. Allons, dit-il à ses soldats, conduisons ce jeune homme à notre roi. Tous les bossus sautèrent aussi-tôt sur le pauvre Prenany, qui faisoit tous ses efforts pour se débarrasser de leurs mains. Il donnoit à droite & à gauche avec sa longue sarbacane, & seroit venu à bout de dissiper ces avortons, si l’un d’eux ne l’eût blessé par derrière avec sa pique. Prenany tomba sans connoissance & baigné dans son sang, & les bossus, fiers de leur victoire, continuèrent leur route pour arriver à Dondinie.

L’infortuné Prenany auroit infailliblement perdu la vie, si le hasard n’eût conduit dans cet endroit quelques paysans charitables, qui le portèrent dans un hameau qui n’étoit pas éloigné. Le jeune prince, en revenant de sa foiblesse, se trouva dans un petit lit au milieu de six vieilles femmes, dont la plus jeune avoit au moins soixante ans.

Ah ! dit-il, d’une voix faible, dites-moi, je vous prie, mes bonnes mères, qui m’a transporté ici, & apprenez-moi dans quels lieux je suis. Ne vous inquiétez point, mon fils, dit une des vieilles en lui passant la main sous le menton ; vous êtes ici en sûreté, & rien ne vous