Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/135

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où porter mes pas en les quittant, elles ne me trouveroient pas ici demain matin.

Si je n’étois pas blessé, dit Prenany, }e vous offrirois un asile à Amazonie, qui n’est pas éloignée d’ici. J’allois dans cette ville, lorsque j’ai été attaqué en chemin, & réduit dans l’état où me voyez. S’il n’y a que votre blessure qui vous retienne, dit la moresse, je vais dans l’instant vous rendre aussi vigoureux & aussi sain que vous étiez avant de l’avoir reçue ; mais promettez-moi que nous partirons tout à l’heure, & que vous ne m’abandonnerez point.

Prenany ne pouvoit croire que l’esclave eût le pouvoir de le guérir si promptement ; il n’hésita point cependant à lui jurer qu’il ne la quitteroit pas, & qu’il ne demandoit pas mieux que d’abandonner pour toujours ces misérables vieilles. Aussi-tôt la jeune esclave tira de son sein une petite pierre noire, qu’elle donna à Prenany, & lui dit de la mettre dans sa blessure. Le jeune prince exécuta l’ordre de l’esclave, & sentit aussi-tôt un frémissement inconnu, qui se répandit dans ses veines ; sa blessure fut refermée, & sa main, qu’il y porta, ne trouva plus aucune douleur : enfin la force lui revint entièrement. Dans le transport de joie qui l’agita, il ne put s’empêcher d’embrasser