Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/190

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devant de la fée. Approchez, Abdumnella, lui dit elle ; voilà votre esclave ; vous n’avez qu’à l’emmener avec vous. Le vieillard ne lui répondit rien ; il me prit avec douceur par la main, pour me conduire avec lui.

Je me trouvai très-étonné de cette aventure, & je ne pus m’empêcher de dire à la fée : Il n’étoit pas nécessaire de m’ôter des mains de mon premier maître, pour m’en donner un autre ; l’esclavage où j’étois n’étoit pas plus rude que celui dans lequel vous me faites rentrer. Ne t’alarme point, me répondit la nymphe, & suis ta destinée ; il n’est pas en ton pouvoir d’y résister ; aussi-tôt elle rentra dans le souterrein, & le rocher se referma de lui-même.

Le vieillard me conduisit dans une grande ville qui n’est pas éloignée d’ici, & qu’il me dit se nommer Solinie. Il me dit qu’il étoit grand—prêtre du soleil, qui est la seule divinité adorée par les habitans de ces rivages. Il me promit de me traiter avec douceur, & de me regarder moins comme un esclave, que comme un homme destiné, suivant ce que lui avoit dit la fée, à remplir les projets les plus importans.

En effet, j’ai demeuré près d’un an chez Abdamnella dans des occupations assez douces. J’ai appris, pendant ce temps, que le roi qui