Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/231

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dansai même devant lui, & j’eus pitié du regret qu’il me témoigna de ne me point voir. J’ai, entre autres secrets, celui d’éclaircir la vue ; je m’en servis en faveur de ce prince ; depuis ce temps-là il voit plus clair qu’un lynx. Il m’a tant marqué de reconnoissance, qu’il a dansé tout un jour avec moi. Il avoit même préparé un grand spectacle où je devois briller ; mais, sans avertir personne je le quittai & j’étois déjà sur ce rivage, qu’on me cherchoit dans les appartemens (car nous autres fées dansantes traversons la mer, comme un autre passe une rivière). Quand je suis venue en ces lieux, continua la fée en adressant la parole au roi, vous n’y étiez pas encore arrivé. C’est moi qui me suis déguisée en vieille & qui ai engagé Bengib à mettre son doigt la bague mystérieuse qui rend invisible afin qu’il vînt sur le rivage où vous deviez aborder. Vous savez de quelle manière il vous a sauvé des flots, & ce qui s’est passé depuis. Avouez que j’ai bien conduit toute cette affaire.

Toute la compagnie avoua que rien n’étoit mieux entendu, & prit part au bonheur de Solocule.