Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/311

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sans lui donner des marques de son amour ; qu’ainsi elle le prioit de la tirer de peine, & de croire qu’elle lui en seroit obligée toute sa vie. Comme ce fourbe ne désiroit rien tant que de posséder les bonnes grâces de la reine : En vérité, madame, lui dit-il, vous avez grand tort d’avoir gardé si long-temps un soupçon si injuste, & si injurieux à ma gloire. Si vous m’en aviez témoigné la moindre chose, je vous aurois sur le champ tiré d’erreur ; & pour vous montrer que je ne dis rien que je ne fasse, faites-moi apporter une poule, & vous verrez que votre soupçon est très-mal fondé. On apporte la poule dans la chambre, & après avoir fait retirer celui qui l’avoit apportée ; ils s’enfermèrent dans le cabinet du perroquet, qui étoit près de cette chambre. Alors le faux roi prit la poule, l’étrangla, & ayant dit, avec un air assuré, les paroles nigromantiques sur elle, il fit passer son esprit dans le corps de cette poule. La reine voyant cela, ouvrit la porte de la cage, & le perroquet volant sur le corps du roi, y passa avec son esprit, par la vertu des paroles du secret, & le perroquet resta mort sur la place. Cette princesse répandit des larmes de joie de voir son mari dans son état naturel ; ils s’embrassèrent avec beaucoup de tendresse, & ensuite le roi ayant pris la poule, qui voyoit