Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/339

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paroissoient presque impossibles, lui donnoient beaucoup de chagrin, & le faisoient passer pour un calomniateur. Un jour qu’il en parloit à sa femme, il lui dit, que celui qui pourroit trouver le moyen de peser le lion, & de faire voir au roi le larcin que l’orfèvre lui avoit fait, auroit indubitablement sa pension. Sa femme, sensible au gain, l’assura qu’elle en sauroit bientôt le secret, pourvu qu’il la laissât faire. Son mari lui repartit qu’elle pouvoit faire ce qu’elle voudroit, & que si elle réussissoit, ils seroient heureux le reste de leur jours. Pour exécuter son dessein, elle résolut de lier une amitié étroite avec la femme de l’orfèvre, qu’elle connoissoit : c’est pourquoi l’ayant rencontrée un jour faisant sa prière devant le lion, elle lui dit qu’elle étoit la plus heureuse femme du monde d’être l’épouse d’un homme qui étoit agréable au roi pour son rare mérite ; & ensuite, lui faisant considérer la beauté du lion : Je ne vois, dit-elle, qu’une seule chose qu’on puisse opposer à un si excellent ouvrage, qui, étant parfait dans toutes ses parties, semble renfermer en soi quelque défaut, parce qu’on ne le peut peser. Ces paroles ayant un peu inquiété la femme de l’orfèvre, qui ne pouvoit entendre dire que ce lion eût quelque défaut : Quoique l’on puisse faire cette critique, répondit-elle, je suis assurée